Pas le temps de présenter ce recueil d'articles : Cunning of Gender Violence, Geopolitics and Feminism, édité par Lila Abu-Lughod , Rema Hammami et Nadera Shalhoub-Kevorkian (Duke University Press, 2023). Mais c'est probablement un des volumes les plus dérangeants et les plus embarrassants, qui montre comment nombre associations militantes féministes (pas seulement occidentales d'ailleurs) se sont trouvées embarquées dans les approches sécuritaires, racialisées et impériales de la violence de genre qui dominent le droit, la politique et les médias‧ Notamment ces vingt dernières années, à travers les multiples institutions censées humaniser la "guerre contre le terrorisme" - entendez par là, principalement, la guerre contre les musulmans.
Je retiens cette remarque "en passant" de Sima Shakhsari dans son article "What counts at violence ?" sur les réfugié‧es transgenre en Turquie (venu‧es en général des pays du Moyen-Orient, principalement d'Iran, et souvent originaires d’Afghanistan).
" Even as queer and trans Iranian asylum seekers and Afghan refugees who left Iran for Turkey do not fall under the same category according to the UNHCR’s criteria, they have something in common: they are economic refugees.Yet the UNHCR does not recognize economic marginalization as grounds for granting asylum. If it did, a large number of people in the world (including in the United States) who are affected by global capitalism’s economic violence (such as lack of access to universal health care in the United States) would be eligible for asylum."
"Même si les demandeurs d'asile iraniens queer et trans et les réfugiés afghans qui ont quitté l'Iran pour la Turquie ne relèvent pas de la même catégorie selon les critères du HCR, ils ont quelque chose en commun : ce sont des réfugiés économiques. Pourtant, l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés ne reconnaît pas la marginalisation économique comme un motif d'octroi de l'asile. Si c'était le cas, un grand nombre de personnes dans le monde (y compris aux États-Unis) qui sont affectées par la violence économique du capitalisme mondial (comme le manque d'accès aux soins de santé universels aux États-Unis) seraient éligibles à l'asile"
(p. 369)